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Le 18 juin 2024, Hauts-de-France Innovation Tourisme (HIT) organisait ses premiers Ateliers de l’Innovation en partenariat avec la Communauté Urbaine de Dunkerque (CUD) sur le thème « Touristique, tout numérique ? ». Cette journée, axée sur le tourisme et la technologie, a permis de rassembler des acteurs d’horizons différents pour réfléchir aux enjeux numériques transformant les pratiques touristiques. Stéphane Baeteman, Directeur Adjoint Numérique et Attractivité à la Communauté Urbaine de Dunkerque, revient sur cette expérience, les objectifs et les perspectives qu’elle ouvre pour le développement touristique du territoire.
Stéphane Baeteman
Pourquoi avoir fait appel à HIT pour cet événement ?
« Je dirais plutôt que c’est HIT qui a fait appel à nous, mais ça tombait bien parce que les intérêts étaient partagés.
Sur le territoire de la Communauté Urbaine de Dunkerque, le développement touristique est un des axes majeurs de nos politiques publiques. Les pratiques touristiques se transforment énormément. Et dans le cadre de notre stratégie numérique de territoire, nous avions déjà identifié depuis de nombreuses années le tourisme comme étant un secteur porteur qui était empreint à de grandes mutations.
Dès 2017, à l’occasion de la première délibération-cadre autour de la stratégie numérique territoriale, les élus de la Communauté Urbaine de Dunkerque ont identifié le secteur touristique parmi ceux qui devaient être accompagnés prioritairement dans leur transformation numérique. En effet, à l’ère des plateformes de réservation, des avis en ligne et des réseaux sociaux, nous avions compris que le tourisme de demain, donc celui d’aujourd’hui, ne se ferait pas sans le numérique. C’est pourquoi ici nous avons misé très tôt sur plusieurs expérimentations permettant aux visiteurs qui le souhaitent d’être autonomes dans leurs pratiques touristiques (application Opération Dynamo, démonstrateur Smart Yachting).
Depuis 2021, nous avons renforcé notre plan d’actions en faveur du développement économique et touristique à travers notre nouvelle feuille de route « Territoire Intelligent et Durable ». Tout en continuant à mettre l’accent sur l’amélioration de l’information et l’accès à la donnée touristique in situ, nous avons aussi pour objectif d’accompagner toute la communauté des acteurs touristiques à la transformation numérique de leurs activités (exploitation de la donnée, développement de solutions no-code, montée en compétences des commerçants dans le numérique, lancement d’une collection de NFT). »
Pourquoi cette thématique en particulier plutôt qu’une autre ?
« On se rend compte que le numérique aujourd’hui bouleverse les pratiques des touristes. C’est intéressant de pouvoir se pencher sur ces cas-là. Nous sommes encore dans une nouvelle ère et c’est important que tout le monde prenne le train en marche.
On a eu d’abord l’ère des plateformes, qui ont permis de rendre les touristes plus autonomes.
Aujourd’hui, internet est vraiment rentré dans les pratiques des touristes pour réserver un hôtel, pour prendre des informations sur la destination etc. Et aujourd’hui, nous voyons qu’avec les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle, nous arrivons dans une nouvelle ère du tourisme et du numérique.
C’était important d’embarquer notre communauté d’acteurs touristiques dans cette mouvance-là. C’est aussi pour cela que nous avons souhaité les associer à cet événement, pour leur témoigner que les choses évoluaient, et pour leur donner des conseils, des bonnes pratiques, des exemples et des témoignages de ce qui pouvait être fait en la matière. »
Aviez-vous déjà fait des événements de ce type auparavant ?
« Nous faisons des rencontres autour du numérique, mais pas forcément propre à la communauté touristique.
Il y a quelques années, nous avions fait une journée type ‘workshop’ qui consistait à mixer à la fois les acteurs touristiques et les acteurs du numérique pour inventer collectivement ce qu’on avait appelé ‘le tourisme de demain’. C’était un atelier d’intelligence collective et de cocréation pour fixer ce vers quoi nous pouvions aller en matière de tourisme et de numérique. Cette intelligence collective avait notamment débouché vers un projet mis en place autour du tourisme de mémoire appelé Dynamo. Cette application mobilise les technologies de réalité virtuelle et de réalité augmentée. »
Aviez-vous des attentes particulières autour de cet événement ? Y avait-il un objectif pour le territoire ?
« L’objectif pour le territoire est de poursuivre son développement touristique. Nous voyons que les outils numériques sont complémentaires que ce soit en amont, pendant ou après la visite. Ils permettent de prolonger l’expérience, et pour nous, cela représente un atout en la matière.
Aujourd’hui, les outils permettent une plus grande autonomie des touristes. Cela soulage d’une certaine manière les acteurs touristiques, en déléguant certaines missions afin qu’ils puissent se concentrer sur l’accueil du public.
Il est donc intéressant de voir à quel point actuellement le numérique est un pilier sur lequel travailler, car il représente un atout dans le secteur.
De notre côté, cela accélère la feuille de route. Par exemple au cours de cette journée, nous avons pu voir en quoi l’intelligence artificielle, le no-code et la donnée peuvent améliorer l’expérience touristique en général. Et nous voyons que cela apporte quelque chose de nouveau par rapport à la manière dont nous adressions les touristes précédemment. »
Diriez-vous que les objectifs de cette journée ont été atteints ?
« Complètement ! L’un des côtés intéressants dans le processus de la journée est ce format de parcours ‘à la carte’. Chacun pouvait choisir son atelier et explorer les thématiques qu’il souhaitait découvrir.
A titre personnel, je me suis plutôt focalisé sur l’IA et les réseaux sociaux. Du côté de la CUD, nous avions présenté l’outil no-code que nous utilisons pour développer des mini applications.
L’après-midi était tout aussi intéressant. Nous nous sommes rendu compte du chemin à parcourir parce que tout le monde pressent qu’il y a un enjeu autour de la donnée, il y a un éveil des consciences là-dessus. Mais de là à savoir l’exploiter, à dire ce que nous allons en faire, comment la mixer pour faire du prédictif, il y a encore un pas qui n’est pas franchi. »
Vous parliez du format ‘à la carte’ de cette journée qui a sut séduire. Avez-vous eu d’autres retombées du côté de la CUD concernant ce format ?
« Avec des ateliers différents selon les préférences de chacun et un nombre réduit par groupe, je pense que c’est ce qui a été intéressant. Il y avait également une variété de format, à la fois plénière, puis ateliers à la carte. Chacun pouvait prendre ce qu’il voulait, cela a été vécu de manière positive et le rythme de la journée était assez bon. Il y a eu beaucoup de contenu mais le rythme n’était pas trop difficile à tenir. »
Au niveau du choix des intervenants, des experts de l’IA et réseaux sociaux ont été sollicités ainsi que des personnes issues de la Métropole Européenne de Lille (MEL). Pourquoi ce choix d’intervenants ?
« Ce qui est intéressant, c’est la co-construction du programme avec HIT. Nous avons confronté nos points de vue avec HIT placé en tant qu’expert et la CUD en tant que collectivité. Cela nous a permis d’identifier des témoins communs capables de répondre aux attentes des deux parties. En l’occurrence, ce qui faisait sens pour le témoignage de la MEL, c’est qu’ils venaient compléter le témoignage de la CUD sur la donnée avec des manières de la mobiliser qui étaient différentes de la nôtre mais avec des approches qui étaient complémentaires. Cela permettait de confronter les points de vue à ce niveau-là, c’était intéressant. »
Suite à la réussite de cette journée, envisageriez-vous de futurs projets avec Hauts-de-France Innovation Tourisme ?
« La thématique touristique reste au cœur de nos priorités politiques. Tout ce qui s’inscrit dans cette dynamique est toujours bon à prendre et nous y accordons une importance particulière.
Sur les sujets numériques, bien évidemment que nous pouvons envisager de futurs projets avec HIT. Également sur les sujets d’innovation dans le tourisme au sens large, si nous pouvons être force de proposition et contributeur nous serons ravi d’y participer.
Pour cette première édition des ateliers de l’innovation le contenu était très qualitatif. En termes de participation, nous tablions sur une soixantaine de participants, ce qui est bien. Ce n’est pas trop pour pouvoir gérer les flux et notamment les interventions en petits groupes. Monter une journée sur ce thème-là avec HIT était très pertinent. »
Hauts-de-France Innovation Tourisme a contribué à la programmation de cet événement et faisant appel à des professionnels reconnus de la filière numérique. HIT a également contribué à la médiatisation de cet événement. Cette journée a permis également une rencontre entre les acteurs touristiques, mais aussi avec les experts IA et réseaux sociaux mobilisés. Cet événement fédérateur reviendra pour d’autres éditions, peut-être sur votre territoire ?