Revenir aux actualités
  • Use Case

Quand une commune rurale se réinvente en village-étape touristique

Quand une commune rurale se réinvente en village-étape touristique

Située à proximité de la côte d’Opale, la commune de Baincthun a su tirer parti de ses atouts naturels pour développer une offre touristique complémentaire au tourisme balnéaire. A l’occasion du Festival Innovation Mer & Littoral de 2024, HIT est revenu sur la transformation réussie d’un village traversant en un village-étape, avec les témoignages de Stéphane Bourgeois, le maire de la commune.

Stéphane Bourgeois

Maire depuis 2014 Baincthun

Baincthun est une commune rurale de 1350 habitants, longtemps marquée par l’exploitation des carrières et l’agriculture. Lorsque Stéphane Bourgeois a pris ses fonctions de maire en 2014, il a dû relever le défi de redonner une identité forte à cette commune traversante, sans véritable attrait touristique. Pour autant, le village est situé sur un axe stratégique entre Boulogne-sur-Mer et Samer, deux communes relativement denses aux échanges pendulaires nombreux : comment capitaliser sur cette particularité pour transformer un village-rue en un véritable village-étape ?

Un patrimoine naturel à valoriser

La commune de Baincthun dispose d’un patrimoine naturel exceptionnel, avec notamment la forêt domaniale de Boulogne, la plus grande du Boulonnais avec ses 12 500 hectares. Classée en forêt de protection, le domaine abrite une biodiversité remarquable avec plus de 1 000 espèces végétales et 200 espèces d’oiseaux. « Les atouts sont avant tout des espaces naturels de grande qualité, et surtout un domaine forestier », souligne Stéphane Bourgeois. Plébiscitée par les habitants de Baincthun, la forêt est un atout indéniable pour la commune. De plus, il s’agit d’une offre différente mais néanmoins complémentaire du tourisme balnéaire, proposé à Boulogne-sur-Mer qui est situé à quelques kilomètres du village et de sa forêt domaniale. Investir dans le domaine en y proposant des nouvelles activités, c’était contribuer à la fois au cadre de vie mais aussi proposer une nouvelle offre qualitative aux touristes.

La commune de Baincthun en quelques chiffres :

0 habitants
0 hectares de forêt
0 véhicules traversent quotidiennement le village

D’un village rue à un village étape

Traversé par la route départementale 341, le village souffrait auparavant d’un manque de services et d’un partage de l’espace public peu favorable aux piétons et aux cyclistes. « Nous étions avant tout un village-rue traversé par la D341, un village marqué par la présence de l’automobile avec une vitesse excessive et peu de place accordée aux piétons et aux cyclistes », déplore le maire. Situé entre Boulogne-sur-Mer et Samer, Baincthun est victime d’un flot continu de voitures : plus de 10 000 véhicules traversent quotidiennement la commune. Les élus ont donc entrepris de requalifier l’espace public, en rendant la priorité aux modes de déplacement doux. Au-delà des aménagements routiers, une réflexion a été menée pour rendre le centre-ville plus attractif et inciter les personnes de passage à s’y arrêter. L’offre commerciale de proximité est donc passé de 5 établissements à 12.

Une nouvelle identité fondée sur la nature

En plus du développement de son offre commerciale, le village a souhaité clairement se positionner sur sa différence « nature » grâce à sa proximité avec la forêt domaniale de Boulogne. Sa signature « Vivre la nature » témoigne ce de miser sur son patrimoine naturel pour se différencier. « À l’origine, notre objectif était de construire une identité forte, axée sur la nature », explique Stéphane Bourgeois. Des parcours de marche nordique, de VTT et de trail d’une longueur totale de 45 km ont été aménagés, permettant de relier le village à la forêt voisine de manière sécurisée. « L’idée, c’était d’offrir un cadre de vie plus agréable aux habitants » ajoute le maire.

Un des nombreux sentiers aménagés, dans la forêt domaniale de Boulogne.

Des retombées positives à plusieurs niveaux

Les investissements réalisés, près de 2,5 millions d’euros, ont permis d’améliorer significativement le cadre de vie des habitants, de dynamiser l’activité économique locale et de générer, par extension, un développement touristique, avec notamment une forte progression de l’offre d’hébergement. « Nous sommes passés de quatre gîtes à treize gîtes aujourd’hui, témoignant d’un développement important de l’offre d’hébergement », se félicite le maire. Ce développement permet donc de contribuer à l’émergence d’un tourisme dit « d’arrière-pays ». Face à un littoral très fréquenté – Nausicaa situé à Bouglogne-sur-mer est le 2ème site le plus fréquenté des Hauts-de-France – le développement économique de Baincthun permet à la ville de se positionner comme une destination de « pas de côté » et de constituer une nouvelle offre aux touristes.

Les défis à relever pour l’avenir

Malgré ces résultats encourageants, la commune fait encore face à des enjeux importants, notamment en termes d’animation, de moyens financiers et de coordination à l’échelle intercommunale pour éviter le morcellement des aménagements. « Aujourd’hui, plusieurs éléments nous manquent encore pour poursuivre notre développement même si la volonté politique est présente chez les élus », reconnaît Stéphane Bourgeois. L’objectif à long terme est de faire du Boulonnais une véritable « terre d’aventure et de nature », complémentaire au tourisme balnéaire, avec un budget touristique qui devrait doubler d’ici 5 ans. La finalité est de favoriser l’émergence d’une offre de tourisme de nature avec des produits qui intéressent les familles et qui sont en mesure d’apparaitre comme une complémentaire aux offres balnéaires, qui ont tendance à cannibaliser une large partie des flux touristiques.

L’expérience de Baincthun illustre la capacité d’une commune rurale à se réinventer en s’appuyant sur ses atouts naturels. En repensant son aménagement et, par extension, son offre touristique, la commune a su se démarquer et attirer de nouveaux visiteurs, tout en améliorant le cadre de vie de ses 1350 habitants. Une transformation réussie, qui inspire d’autres territoires ruraux à emprunter la même voie, comme le souligne Stéphane Bourgeois : « Notre vision à dix ans est d’avoir posé les bases d’une offre complémentaire au tourisme balnéaire. » Est-ce que la solution réside dans un équilibre entre développement touristique et préservation de la vie locale ?

La HIT Machine dans tout ça !